Par Anne-Cécile Rozet
Alors qu’il était directeur du Centre de recherche du Cyclotron de l’UCLouvain, Yves Jongen, ingénieur civil en électronique (UCL) et diplômé en sciences nucléaires, eût l’idée de créer des accélérateurs de particules de taille réduite spécialement adaptés à des usages cliniques. C’est en 1986 qu’il fonda Ion Beam Applications, une entreprise spécialisée dans le développement de solutions innovantes pour le diagnostic et le traitement du cancer.
Le succès fut au rendez-vous et c’est toujours le cas ! En près de 40 ans, la petite spin-off de l’UCL est devenue leader mondial dans le domaine de la médecine nucléaire et en protonthérapie, une forme de radiothérapie qui permet de cibler très précisément la tumeur en réduisant les dommages sur les tissus sains environnants. IBA développe également des solutions de dosimétrie pour la radiothérapie et l’imagerie médicale, ainsi que des accélérateurs de particules destinés à la stérilisation ou à l’amélioration de la résistance des matériaux. Olivier Legrain en est son actuel CEO. Il a succédé à Pierre Mottet qui en est le président du C.A.
Diplômé en Economie (ULB), vous avez fait vos premiers pas chez IBA en 1996 mais c’est en 2012 que vous en êtes devenu le CEO. Pouvez-vous nous parler en quelques mots de votre histoire longue de près de 28 ans chez IBA dont une partie passée à l’étranger ? Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre ce poste ?
Olivier Legrain : J’ai démarré ma carrière chez IBA avant son introduction en bourse, quand l’entreprise était encore relativement petite. Nous étions une petite centaine d’employés et notre chiffre d’affaires était de l’ordre de 20 millions d’euros. Comme contrôleur financier, j’ai eu l’occasion de découvrir cette société à la fois hautement technologique et profondément humaine sous ses différents angles, tant financiers qu’opérationnels. Cinq ans plus tard, alors que l’entreprise était devenue dix fois plus grande, j’ai pris la direction de la division Dosimétrie dont les quartiers généraux étaient établis à Uppsala en Suède. C’était une première expérience d’expatrié dont ma famille et moi-même avons gardé de très bons souvenirs. En 2004, nous avons emménagé à Washington, où j’ai pris la direction de la filiale spécialisée dans la production d’isotopes utilisés en médecine nucléaire. Cette expérience américaine a été riche et essentielle pour moi, dans la mesure où les Etats-Unis représentent un des principaux marchés d’IBA aujourd’hui. Au retour des Etats-Unis, j’ai décidé de prendre un congé sabbatique pour faire un tour du monde à la voile, en famille. C’est lors d’une de nos escale, qu’Yves et Pierre m’ont rendu visite pour me proposer de prendre la direction du groupe. Retour à Louvain-la-Neuve en 2012. C’était et c’est toujours un grand honneur et une grande chance de se voir confier le job de capitaine d’un navire comme IBA. Le Groupe a un rôle décisif à jouer dans la lutte contre le cancer et rien n’est plus motivant. Je suis ravi de mener une telle équipe vers de tels objectifs et d’avoir maintenu le cap du succès et de la croissance. Nous sommes aujourd’hui leader mondial dans nos quatre domaines d’activités et avons encore de belles ambitions.
A partir de quel moment, l’entreprise a-t-elle connu un essor fondamental ?
Il est difficile de choisir un moment particulier dans la mesure où la croissance d’IBA a été continue depuis sa création. Il y a tout de même eu quelques étapes décisives parce que de nouveaux marchés ou de nouvelles perspectives s’ouvraient. Je pense entre autres au développement et à l’installation du premier accélérateur de particules qui a permis de traiter le tout premier patient par proton thérapie en milieu hospitalier en 2001, à Boston, en collaboration avec les chercheurs et oncologues de l’Université d’Harvard. Il y aussi la création, en 2010, du Cyclone® 70, premier cyclotron de haute puissance qui a permis d’envisager la production d’isotopes à large échelle. Aujourd’hui de nouvelles perspectives semblent encore s’ouvrir dans le domaine de la stérilisation par faisceau d’électrons ou par rayons X qui constituent une alternative idéale aux solutions existantes, plus toxiques et limitées par leurs ressources.
IBA compte 4 business units : la protonthérapie, la dosimétrie, les solutions RadioPharma et la stérilisation industrielle. Expliquez-nous. Quelles sont leurs parts de marché ? Comment se situent-elles à un niveau mondial ?
La proton thérapie est la forme la plus avancée de radiothérapie. Nous avons probablement la solution la plus complète et la plus fiable de ce marché très spécifique. Près d’un centre de protonthérapie sur deux dans le monde est équipé d’un accélérateur IBA. IBA Dosimetry est une entité qui développe des outils et des applications qui permettent de calibrer les équipements et de doser les traitements de radiothérapie et d’imagerie médicale. On ne peut pas véritablement parler de parts de marché dans ce domaine compte tenu de la diversité des produits et des domaines d’application mais on peut certainement considérer qu’IBA est un des principaux acteurs du secteur de la dosimétrie. RadioPharma Solutions est la branche qui conçoit des accélérateurs destinés à la production d’isotopes (traceurs radioactifs utilisés en médecine nucléaire). Industrial Solutions crée des accélérateurs destinés à la stérilisation par E-beam et X-Ray et à l’amélioration de la résistance des matériaux par réticulation. Nous sommes leaders de marché, au niveau mondial, dans ces deux entités également.
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IBA Dosimetry est une entité qui développe des outils et des applications qui permettent de calibrer les équipements et de doser les traitements de radiothérapie et d’imagerie médicale.
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